Par exemple, dans certaines cultures, le fait qu’une femme remette en question ou contredise son mari, particulièrement sur la place publique, peut être considéré comme un manque de respect envers lui. Au Québec, ce comportement ne sera pas du tout interprété de la sorte et une femme, comme un homme, pourra remettre en cause les idées de son conjoint ou de sa conjointe peu importe le contexte. Ainsi, se plonger dans une nouvelle culture ou aller à la rencontre de personnes ne partageant pas les mêmes références culturelles que nous, c’est à la fois un défi intéressant et une expérience où les acteurs de part et d’autre peuvent se sentir dépassés.
Nous abordons, dans cette trousse, le thème de la culture et du choc des cultures, car nous considérons que, dans votre rôle de parent ou de personne intervenant auprès d’adolescents et d’adolescentes, il est important de tenir compte de ces disparités pour mieux comprendre ce que vivent les jeunes. À partir de vos expériences et observations, pensez-vous que certaines jeunes filles autour de vous sont confrontées à une culture dont les valeurs sont différentes des leurs? Il serait fort étonnant que vous répondiez non!
Lorsque nous parlons de culture, nous considérons le terme dans son sens le plus large. Par exemple, le fait pour une jeune d’être invitée chez une amie et de découvrir que la famille de celle-ci a un mode de vie totalement différent du sien peut provoquer chez elle un choc culturel. Il s’agit alors d’une confrontation entre deux cultures familiales différentes.
L’égalité entre les femmes et les hommes est l’une des questions où d’importants contrastes culturels peuvent se manifester. Aussi, la situation des femmes est l’un des thèmes les plus abordés dans les médias lorsqu’il y est question des communautés culturelles. Cependant, les différences soulevées concernant la situation de femmes provenant de diverses communautés ne sont pas toujours expliquées et mises en contexte. Cela peut alors alimenter les préjugés des uns et des autres envers certains groupes culturels quant à la question de l’égalité entre les sexes, ce qui, à nos yeux, nuit à l’échange et à la considération, par tous, de l’égalité comme valeur.
Bien que le Québec soit une société d’accueil qui se veut ouverte sur le monde, sur les autres et sur leurs valeurs, il a pour fondement des valeurs incontournables, dont l’égalité entre les femmes et les hommes; l’égalité entre toutes les personnes, peu importe leur âge, leur origine, leur orientation sexuelle, leur allégeance politique, etc.; ainsi que la liberté (liberté d’expression, liberté d’exercer le métier de son choix, liberté d’opinion, etc.).
Ces valeurs sont le résultat de très longues années de lutte, elles sont très chères aux Québécois et Québécoises, et elles sont inaliénables. Ainsi, les droits individuels de liberté et d’égalité ne peuvent, en aucun cas, être remis en question au nom d’une religion, d’une pratique coutumière, d’une culture ou de tout autre raison.
Ces façons de faire peuvent être déstabilisantes pour des personnes nouvellement arrivées au Québec et provenant de cultures ayant un fonctionnement totalement différent. Elles peuvent leur faire vivre d’importants questionnements, amener des craintes, causer des discussions très animées, voire même des querelles, au sein de leur famille. Il est possible que ces personnes se sentent tiraillées entre ce qui est « normal » selon elles et ce que la société québécoise valorise, et qu’elles ressentent le besoin d’échanger à ce sujet avec leurs proches, mais aussi avec d’autres familles vivant des réalités similaires. Pour alimenter les réflexions et d’éventuelles discussions, il pourrait donc être intéressant que vous réfléchissiez à votre position par rapport aux stéréotypes sexuels, à la façon dont la sexualité est représentée dans les médias, à l’habillement des jeunes filles et des femmes au Québec, au rôle des femmes dans la société québécoise.
Ainsi, si vous provenez d’un groupe culturel et que avez envie de rencontrer d’autres personnes qui partagent vos réalités et, par la même occasion, de vous outiller pour discuter de ces sujets avec vos propres enfants, n’hésitez pas à prendre contact avec des organismes travaillant auprès de membres des communautés culturelles, particulièrement auprès des femmes. Vous trouverez ci-dessous des références concernant des ressources pouvant vous accompagner, et vous permettre de mieux comprendre et de mieux vivre l’égalité telle qu’elle est comprise au Québec.
Si vous êtes un parent, des conflits peuvent aussi se produire entre vous et vos enfants, surtout durant l’adolescence, en raison des différences existant entre les générations; il est alors question de choc générationnel. Cela n’a rien à voir avec le lieu de naissance ou l’origine culturelle. Cette situation est fréquente puisque l’adolescence correspond à une période de questionnement identitaire, c’est-à-dire à une phase où il est normal qu’un jeune cherche sa place dans la société et remette en question le modèle établi par ses parents ou par les adultes qui l’entourent. Ce genre de choc a toujours existé, mais le fossé intergénérationnel paraît aujourd’hui plus grand, en raison notamment des avancées technologiques qui se font à un rythme effréné et qui amènent d’importantes transformations dans le mode de vie des jeunes.
Ne vous découragez-vous pas, à certains moments, de voir les jeunes passer autant de temps à envoyer des textos à leurs amis ou à mettre à jour leur page Facebook? La manière actuelle de communiquer des jeunes ainsi que leur façon d’appréhender le monde est, de fait, fort différente de celle des adultes, toutes générations confondues. Ainsi, les référents des jeunes, c’est-à-dire ce à quoi ils s’identifient, et leur manière de le faire ne sont plus du tout les mêmes. Il faut en tenir compte lorsqu’on échange avec eux. Cela est particulièrement vrai quand on aborde des thèmes comme l’amitié, les relations amoureuses, l’image de soi, etc.
Si vous enseignez à des adolescents et adolescentes, ou intervenez auprès de cette clientèle, un choc des cultures peut aussi survenir entre vous et ces jeunes, car vos références et vos repères culturels et générationnels risquent de ne pas être les mêmes. Il est donc important d’adopter une attitude d’ouverture face aux différences plutôt que d’imposer votre propre façon de voir le monde.
Si vous accompagnez une jeune fille issue de l’immigration ou d’une communauté culturelle, il ne faut pas perdre de vue qu’elle a sûrement été confrontée, d’une manière ou d’une autre, aux divergences entre les valeurs de la société québécoise et celle de sa société d’origine et particulièrement entre ses valeurs et celles de ses parents. Elle a peut-être éprouvé des difficultés à composer avec ces différences culturelles.
La culture... c’est comme un iceberg. La partie que tu vois ne constitue que la pointe. Les trésors qu’elle recèle se trouvent dans la partie qui est immergée. Pour la découvrir et la comprendre, tu dois plonger!
Posez-leur des questions comme :
- Quelles sont les principales différences entre ta culture et la culture québécoise?
- Quelles sont les similitudes?
- Quelle fierté retires-tu par rapport à ta culture?
- Qu’est-ce qui améliorerait ton intégration dans la société québécoise?
- Qu’est-ce qui est différent entre comment ça se passe dans ta famille et comment ça se passe dans les familles d’origine québécoise que tu fréquentes?
Pour poursuivre avec le thème des stéréotypes sexuels dans une perspective de choc culturel, demandez-leur :
- Comment se vivent les relations amoureuses dans le pays d’origine de tes parents?
- Est-ce que les jeunes se choisissent parce qu’ils s’aiment?
- La famille a-t-elle un rôle à jouer dans ce choix?
- À quoi ressemble le quotidien d’une jeune fille dans ta culture d’origine? Va-t-elle à l’école? Est-elle à la veille de se marier? Ira-t-elle à l’université?
«J’avais de la difficulté à trouver ma place et ma propre identité en tant qu’individu dans la société d’accueil.»
«J’ai senti de la pression par rapport à mon habillement, à mon poids et à mon accent (…)»
«J’ai vécu de la discrimination parce que je ne parlais pas avec le même accent que les autres.»
«Selon eux [ses pairs], porter le hijab me rend différente et [m’exclut], mais je ne crois pas que ce soit vrai : on est toutes différentes et uniques dans notre façon d’être, et on doit accepter les différences des autres pour encourager l’harmonie dans la société.»
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