Selon votre âge, votre origine et vos expériences, le mot féminisme peut résonner différemment. À vrai dire, on devrait plutôt parler des féminismes, puisqu’il en existe toute une variété. Il y a en réalité autant de manières de vivre et d’exprimer son féminisme qu’il y a de femmes dans le monde. C’est pourquoi il est important de souligner le caractère multiple et pluriel de ce mouvement.
- Croire d’abord et avant tout en l’égalité des femmes et des hommes en prônant l’égalité de fait;
- Reconnaître la capacité des femmes à déterminer leurs luttes et à contribuer à leur émancipation;
- Agir collectivement pour que cesse toute situation de discrimination envers les femmes.
Pour nous, le féminisme est un moteur pour concerter nos forces afin d’entraîner des changements positifs pour les femmes, et d’aller de l’avant pour une société plus juste et égalitaire. Le féminisme a permis, et permet encore à plein de femmes, jeunes et moins jeunes, d’être solidaires dans l’amélioration des conditions de vie des femmes de façon globale.
Alors, le féminisme, ça vous dit?
Au Québec, comme ailleurs, le mouvement féministe naît à la suite de la prise de conscience et de l’indignation des femmes face au statut inférieur qui leur est conféré par rapport aux hommes. Bien que les Canadiennes acquièrent le droit de vote en 1918, elles ne peuvent alors toujours pas accéder aux fonctions politiques (parlement, sénat). Il faut rappeler qu’au Canada, ce n’est qu’à partir de 1929 que les femmes sont considérées comme des « personnes » devant la loi. Elles bénéficiaient auparavant d’un statut de mineur, au même titre que les enfants et les « Indiens ». Cela signifie qu’elles étaient placées sous l’autorité de leur père ou de leur mari. En vertu de ce statut, par exemple, le salaire d’une femme mariée pouvait être remis directement à son conjoint.
C’est grâce à des féministes telles que Marie Gérin-Lajoie, Idola St-Jean et Thérèse Casgrain que les Québécoises obtiennent, en 1940, le droit de vote au niveau provincial. Toutefois, ce n’est qu’en 1961 que Claire Kirkland-Casgrain devient la première femme élue à l’Assemblée nationale du Québec. Son travail acharné pousse le gouvernement québécois à adopter, en 1964, une loi mettant fin à l’incapacité juridique des femmes mariées, c’est-à-dire que ces dernières peuvent dès lors exercer leurs droits ou intenter des recours en justice par elles-mêmes. Elles peuvent donc ouvrir un compte bancaire, contracter un emprunt, signer un contrat, sans la signature de leur mari. Si elles sont mariées sous le régime de communauté de biens, elles peuvent désormais hériter du patrimoine familial. La nouvelle loi leur permet aussi de jouir de certaines libertés à l’intérieur du mariage, dont celle d’exercer une profession sans l’autorisation de leur mari.
Ce sont également les mobilisations des féministes qui conduisent les gouvernements fédéral et provincial à légaliser le divorce (1968), à reconnaître l’égalité des époux dans le mariage (1980), à décriminaliser l’avortement (1988), à consentir aux travailleuses le droit à l’équité salariale (1996) et à établir le Régime québécois d’assurance parentale (2006), entre autres. Il s’agit de lois et de mesures qui feront progresser notre société vers l’égalité.
Voici quelques exemples de luttes et d’évolution des droits des femmes dans les quarante dernières années.
En dépit des avancées considérables en matière de droits des femmes au Québec, des inégalités et des injustices subsistent, particulièrement à l’égard des femmes issues de l’immigration et des communautés culturelles. En effet, celles-ci demeurent les plus pauvres parmi les plus pauvres et subissent ce qu’on appelle une double discrimination, signifiant qu’elles sont discriminées à la fois parce qu’elles sont des femmes et parce qu’elles sont immigrantes. Elles sont également plus vulnérables face à la violence conjugale en raison de leur isolement (méconnaissance de la langue du pays d’accueil, méconnaissance des ressources à leur disposition, absence de réseau social, etc.) À cela s’ajoute le problème de la non-reconnaissance de leurs diplômes, qui les oblige à accepter d’occuper des emplois mal rémunérés pour lesquels elles sont surqualifiées.
Encore aujourd’hui, de manière générale, les femmes sont cinq fois plus nombreuses à être victimes de violence conjugale que les hommes . En 2008, leurs revenus (toutes sources confondues) ne s’élèvent qu’à 66 % de ceux des hommes . Enfin, en 2010, elles représentent moins de 30 % des députés au niveau provincial.
Le mouvement féministe au Québec œuvre donc pour mettre en lumière les inégalités vécues par les femmes (quelle que soit l’origine, la religion, le handicap, l’âge ou l’orientation sexuelle de celles-ci) dans le but de les faire disparaître. L’approche intersectionnelle est cette dimension du féminisme contemporain qui croit important de considérer l’expérience unique de chaque femme, puisque certaines peuvent vivre une double discrimination. Il faut donc prendre soin d’être inclusives et tenir compte de la grande diversité en matière d’orientation sexuelle ou de statuts sociaux, économiques, culturels, etc.
Afin de démontrer aux adolescentes l’évolution de la condition féminine, présentez-leur l’Extrait d’un manuel catholique d’économie domestique pour les femmes, dont le contenu était enseigné dans les écoles dans les années 1960. Discutez avec elles de la différence entre les femmes de cette époque et celles d’aujourd’hui. Faites l’exercice d’imaginer les luttes des femmes à travers le temps pour arriver à la situation actuelle. Rappelez-leur que les années 1960 ne sont pas si loin derrière et que rien ne doit être tenu pour acquis!
Aussi, afin de les aider à développer aiguiser leur sens critique et à s’identifier au féminisme, proposez-leur de définir leur propre féminisme en vous inspirant du document Féministe 101, que vous trouverez dans la section « Outils éducatifs et ressources ». Vous pouvez les inviter à découper des images et des mots dans divers magazines, et à en faire un collage qui illustre leur vision du féminisme et d’un monde idéal. La créativité est un très bon moyen de favoriser la participation des jeunes filles et de leur permettre de s’exprimer. Amenez-les ensuite à présenter afin que chacune s’inspire du féminisme de l’autre!
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