Les enfants acquièrent très rapidement dans leur développement les connaissances liées aux stéréotypes sexuels. Dès deux ou trois ans, ils ont déjà des connaissances par rapport aux activités, professions, comportements et apparences qui sont liés au genre. Un enfant de deux ans peut, à partir de caractéristiques physiques comme la longueur des cheveux ou les vêtements, conclure qu’il a affaire à un homme ou à une femme, car il aura intégré par exemple qu’une personne aux cheveux courts est un homme et qu’une personne aux cheveux longs est une femme. Ces connaissances stéréotypées augmentent avec l’âge.
La lutte aux stéréotypes sexuels commence même avant la naissance! Dès que nous connaissons le sexe du bébé à venir, nos choix liés aux couleurs, aux jouets, aux vêtements, etc. sont influencés.
En raison d’une socialisation différenciée, les petites filles et les petits garçons sont généralement portés sur des jeux différents : les premières jouent par exemple à la poupée et les derniers au ballon. Cette division des jeux induit des habiletés différenciées : les filles apprennent à câliner, à prendre soin; les garçons apprennent à bouger et à se dépasser physiquement. Ainsi, dès leur plus jeune âge, les enfants apprendront que certains comportements sont valorisés et que d’autres sont à proscrire. Cet apprentissage sera différent selon leur sexe et aura une répercussion sur tous les choix qu’ils feront dans leur vie.
Ces habiletés mènent par la suite au développement d’intérêts spécifiques chez les filles et chez les garçons : les filles aiment se livrer à des activités plus paisibles (lecture, art, danse, etc.), tandis que les garçons préfèrent pratiquer des sports. Bien entendu, il y a, par exemple, des filles qui pratiquent des sports comme le hockey et des garçons qui aiment danser, mais on associe généralement la danse aux filles et le hockey aux garçons.
Ceci étant dit, il est important de personnaliser l’approche ou le mode d’éducation selon la personnalité des jeunes, leurs forces et leurs ressources personnelles. Il faut valoriser filles et garçons dans les matières où ils sont doués, sans laisser les stéréotypes sexuels les limiter ou guider leurs choix.
Au moment de leur choix de métier ou de carrière, on observe une nette différence entre le cheminement des filles et celui des garçons. En effet, les filles s’orientent davantage vers des professions liées aux sciences humaines ou aux sciences de la santé, tandis que les garçons optent davantage pour des métiers techniques ou une carrière en sciences pures.
Dès les premières expériences de travail, les chemins sont différents. Il n’est pas rare que les jeunes filles commencent par le gardiennage d’enfants, après avoir suivi le cours Gardiens avertis (plutôt Gardiennes averties!), alors que les garçons font des travaux plutôt physiques comme tondre le gazon chez le voisin ou déneiger son entrée. Ainsi, les filles se lancent plus dans des activités de soin des autres et les garçons vont vers des activités plus manuelles. Or, ces choix découlent davantage de la socialisation différenciée des filles et des garçons que des intérêts dits « naturels ».
Voici quelques professions à prédominance féminine communément appelées « métiers traditionnellement féminins » : caissières, secrétaires, vendeuses, éducatrices de la petite enfance, enseignantes et infirmières.
De plus, à travail équivalent, les femmes continuent de gagner moins que les hommes. Par exemple, une femme œuvrant dans le domaine du secrétariat gagne un salaire annuel moyen de 31 288 $ alors qu’un homme gagne 47 992 $. Si un tel écart salarial subsiste, c’est en raison des stéréotypes sexuels et sexistes qui tendent à dévaloriser le travail des femmes par rapport à celui des hommes.
Encouragez les adolescentes à oser, à dépasser les stéréotypes et les, et à être cohérentes avec leurs talents, leurs passions et leurs désirs. Demandez-leur quels sont leurs réels intérêts, au delà des stéréotypes et de ce qu’elles « devraient » faire en tant que filles. Présentez-leur des gens de votre entourage qui pratiquent différents métiers non traditionnels afin d’élargir leur éventail de choix de carrière. C’est une belle façon de leur montrer qu’il est possible de s’épanouir dans des métiers qui sont hors du commun!
Comment et quand est née l’idée d’exercer votre métier?
J’étais très bonne à l’école mais je ne voulais pas être médecin (je n’avais pas envie de dire aux gens qu’ils allaient mourir). Comme j’étais bonne dans toutes les matières, j’ai cherché un métier qui me permettrait de faire de tout. L’ingénierie s’est imposée tout naturellement à la fin du cégep.
Quels défis particuliers avez-vous rencontrés (en exerçant un métier traditionnellement masculin)?
J’ai dû apprendre mon métier et, surtout, être très polyvalente, car l’ingénieurE fait de tout. Mon plus grand défi fut d’apprendre suffisamment rapidement pour avoir de la crédibilité devant les clients.
Quelles qualités faut-il, selon vous, pour exercer votre métier?
[Il faut être] polyvalente, passionnée et, surtout, avoir un bon sens de l’humour pour rire des petits commentaires de la gent masculine.
Quels conseils donneriez-vous à une fille qui aimerait exercer votre métier?
Elle doit prendre son temps pour bien choisir son travail, car, une fois les études terminées, il y a un autre apprentissage qui commence, soit celui d’exercer un métier et d’apprendre à travailler en équipe (c’est très différent de l’école, car tu ne peux pas décider de faire le travail seule; il faut que tu t’impliques).
Avec la jeune fille, ou, encore mieux, en groupe, présentez des photos de différentes femmes, que vous aurez trouvées dans des magazines, par exemple. Demandez aux participantes quels métiers pratique telle ou telle femme, et pourquoi. Même si vous ne connaissez pas la réponse, cette activité permettra de faire ressortir les préjugés des jeunes filles et ainsi alimentera une discussion sur les stéréotypes liés à la carrière. Vous pourriez ensuite faire parler ces dernières de ce qu’elles aimeraient faire comme métier et vérifier si elles ont des appréhensions face à leurs choix.
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